Claire Schiavi
Claire Schiavi : Offrir une retraite aux poules « pas assez rentables »
Claire Schiavi, éleveuse passionnée, a trouvé une solution originale pour offrir une seconde vie aux poules de son exploitation. Plutôt que de s’en séparer de manière abrupte, elle leur organise une « retraite paisible » chez des particuliers. Un modèle qui concilie respect des animaux et logique économique.
« Elles ne pondent plus assez, mais méritent une retraite paisible »
Dans le monde de l’élevage, chaque animal doit répondre à une logique de productivité. Pour Claire Schiavi, éleveuse, cela signifie que ses poules, lorsqu'elles atteignent 18 à 20 mois, ne sont plus assez rentables. À ce stade, leur taux de ponte baisse à 50 % : « Elles pondent un œuf tous les trois ou quatre jours au lieu d’un tous les deux jours ». Pour une exploitation professionnelle, cela ne fonctionne pas. Alors, comment faire ?
Claire a trouvé une solution alternative, loin des méthodes traditionnelles : elle propose ses poules « à la retraite » aux particuliers. « J’ai découvert la vente aux particuliers et c’est un vrai bonheur », confie-t-elle avec enthousiasme. Un choix qui lui permet non seulement de prendre soin de ses animaux, mais aussi d’assurer leur bien-être sur le long terme.
« Avant de partir, on fait le massage de départ »
Pour Claire, chaque départ est un rituel. Dans une séquence touchante, elle raconte : « Avant de partir, on va faire le petit massage de départ ». Ce geste tendre, accompagné de l’utilisation de terre de diatomée, vise à préparer les poules pour leur nouvel environnement. La terre de diatomée, un produit naturel, permet de prévenir les poux rouges, un problème courant dans les poulaillers. « C’est histoire de ne pas en emmener dans le nouveau lieu de villégiature », précise-t-elle, attentive au confort des animaux.
Claire humanise ses poules : chacune reçoit un « petit câlin » avant de prendre la route vers une nouvelle maison. Une attention qui témoigne de son lien étroit avec elles.
« Elles partent chez des particuliers que je commence à connaître »
Ce modèle de vente directe aux particuliers est aujourd’hui bien rodé. Claire tisse des relations avec ceux qui accueillent ses poules : « Je commence à connaître maintenant les familles qui les adoptent ». Une continuité rassurante pour l’éleveuse : elle sait que ses poules profiteront d’une retraite paisible, loin des rythmes imposés par la production.
Chez leurs nouveaux propriétaires, ces poules continuent à pondre, même si leur productivité diminue. Elles apportent des œufs frais tout en devenant de véritables animaux de compagnie. Une nouvelle vie loin des impératifs économiques de l’élevage intensif.
« Elles coûtent plus cher en aliments qu’elles ne rapportent »
Claire rappelle une réalité souvent méconnue : lorsque le taux de ponte baisse, les poules deviennent un poids financier pour les éleveurs. « Elles me coûtent plus cher en aliments qu’elles ne pondent d’œufs ». Dans une logique strictement économique, il serait tentant de s’en débarrasser autrement. Pourtant, pour Claire, cette option n’est pas envisageable. Offrir une seconde vie à ses poules s’inscrit dans un respect profond de son métier et des animaux qu’elle élève.
Un modèle éthique et économique
Ce système de « retraite » présente un double avantage : il permet à Claire de résoudre un problème économique tout en offrant une alternative éthique. Pour les particuliers, c’est une opportunité unique d’accueillir des poules, même moins productives, qui leur offriront des œufs occasionnels et, surtout, une présence vivante et attachante.
Les familles adoptantes profitent également de conseils de Claire, qui les prépare à accueillir leurs nouvelles pensionnaires. Grâce à ces échanges, elle sensibilise aussi le grand public aux réalités de l’élevage et à la nécessité d’une agriculture plus respectueuse.
Un symbole de reconversion pour l’élevage
L’histoire de Claire Schiavi illustre une tendance croissante : celle d’un retour vers des pratiques agricoles plus humaines et durables. Alors que la question du bien-être animal occupe une place de plus en plus centrale dans le débat public, son modèle offre un exemple concret de solution adaptée aux petites exploitations.
Plutôt que d’éliminer systématiquement les animaux jugés « non rentables », elle leur offre une deuxième vie, tout en valorisant son travail d’éleveuse. Une démarche qui séduit aussi les particuliers, en quête d’authenticité et de simplicité.
Un exemple inspirant
Claire Schiavi démontre que rentabilité et respect des animaux ne sont pas incompatibles. En offrant à ses poules une retraite bien méritée, elle prouve qu’une autre voie est possible dans le monde de l’élevage. Une voie où l’économie s’accorde avec l’éthique et où chaque animal reçoit l’attention qu’il mérite.
Ce modèle pourrait-il inspirer d’autres éleveurs ? Pour Claire, c’est avant tout une question de volonté et de lien avec les animaux. « Je leur offre une retraite peinarde », conclut-elle avec simplicité. Une phrase qui résume toute la philosophie de son engagement.
BP + IA