Eric Gayraud

« Éric et les 365 fromages : l’histoire d’une passion »

Depuis douze ans, une petite boutique de Valbonne, dans les Alpes-Maritimes, fait le bonheur des amateurs de fromage. Éric, son créateur, y partage chaque jour sa passion pour l’authenticité et les saveurs d’exception. Retour sur le parcours de cet artisan qui a fait du fromage un véritable art de vivre.

« Une création née d’un besoin et d’un rêve »

« C'est une boutique avant tout qui n'existait pas », raconte Éric, fondateur de 365 Fromages. Installé à Valbonne depuis 1997, il a ouvert sa boutique il y a douze ans, répondant à une demande croissante pour des fromages artisanaux dans la région. « Il y avait peu de crèmeries-fromageries dans les Alpes-Maritimes et une demande plutôt forte », précise-t-il. Lassé de son travail à Sophia Antipolis, Éric a saisi cette opportunité pour changer de vie.

Sa boutique, conçue comme une réponse à une lacune locale, est rapidement devenue un lieu de référence. En plus de proposer une vaste gamme de fromages, Éric valorise le lien humain, tant avec ses clients qu’avec les autres commerçants du village. « On est dans un petit village, mais même en ville, il est nécessaire de dialoguer. Une solidarité entre commerçants est absolument nécessaire. »

« Le fromage, entre art et science »

Parmi les trésors qu’abrite sa boutique, Éric met en avant certains coups de cœur, comme le Grisou, une tomme fermière au lait cru, frottée au vin rouge de Marcillac. Ce fromage, aux nuances de marron violacé, incarne le mariage parfait entre tradition et innovation. « On se pose souvent la question : faut-il manger la croûte ? C’est une affaire de goût, mais elle apporte souvent un grand intérêt au fromage. »

Pour autant, Éric ne se lasse jamais de déguster ses produits. « Je mange du fromage tous les jours, sauf à l’étranger, où il est parfois difficile d’en trouver facilement. » Une passion qu’il exprime à travers une sélection minutieuse et un engagement envers la qualité.

« Une variété qui fait la richesse de la France »

La France, selon Éric, reste inégalée dans le domaine du fromage. « On a une variété extraordinaire : chèvres, brebis, pâtes dures, pâtes molles… Cela n’existe dans aucun autre pays. » Cependant, il ne manque pas de souligner l’excellence d’autres régions. La Suisse, par exemple, excelle dans les pâtes pressées cuites comme le Gruyère ou le Comté, tandis que l’Espagne séduit par ses fromages de brebis au lait cru. Même les Anglais, souvent sous-estimés, ont leur part de mérite. « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est même le roi Charles qui a sauvé les fromages au lait cru dans les années 1970. »

« Le Comté, best-seller indétrônable »

Dans sa boutique, le Comté se distingue comme le best-seller. « Le plus vendu, c’est le Comté fruité, affiné dix mois. Il offre des saveurs d’abricot, de poire, de pomme, comme un grand champagne. » Éric propose aussi des versions plus âgées, jusqu’à trois ans d’affinage, pour satisfaire les amateurs de goûts puissants.

Fidèle à son engagement pour l’artisanat, il privilégie la coupe sur mesure, bannissant les fromages pré-découpés. « Un fromage ne doit pas être coupé longtemps à l’avance. Il n’aime pas le plastique, cela détériore sa qualité. »

« Une résistance face à l’industrie agroalimentaire »

Éric ne cache pas son agacement face à l’impact des grandes surfaces sur les commerces de proximité. « Si les gens veulent continuer à avoir du goût, que ce soit pour le fromage, les légumes ou la viande, il faut soutenir les petits commerces. » Il déplore notamment la standardisation des produits et les pratiques des grandes chaînes, qui ont contribué à dévaloriser les aliments de qualité. « Aujourd’hui, n’importe quel fruit ne se conserve plus. Cela résulte d’un système qui tue la qualité à force de privilégier le rendement. »

En écoutant Éric parler, on comprend que sa passion dépasse le simple fait de vendre du fromage. C’est un combat pour la sauvegarde du goût, de l’artisanat et des traditions culinaires. Avec 365 Fromages, il prouve que la qualité et l’authenticité peuvent encore trouver leur place dans un monde en quête de simplicité et d’efficacité.

OT+IA