Francis Lyon

Francis Lyon, Mémoire Vivante des Chantiers Navals Seynois : Un Héritage Littéraire Contre l'Oubli

Ancien des Chantiers, Francis Lyon émerge comme un témoin de l'âge d'or et du déclin des chantiers navals. À travers ses mots, il tisse un lien indélébile entre le passé industriel de sa ville et le présent de ceux qui, comme lui, ont vu leur vie entière modelée par ces géants d'acier. Ce portrait retrace le parcours singulier d'un homme qui refuse de laisser l'histoire et les visages de ses compagnons de lutte tomber dans l'oubli.

Francis Lyon n'est pas un historien de formation, mais son récit porte la véracité de l'expérience vécue, non seulement la sienne mais aussi celle de ses amis et collègues. "Je ne suis pas historien, mais je me suis basé sur du vécu de moi-même et de mes amis," commence-t-il, posant les bases d'un témoignage sur la vie au sein des chantiers navals de Saïnois, un empire aujourd'hui évanoui.

Avec une carrière de 17 ans au sein des chantiers navals seynois, Francis a été témoin de l'apogée et du déclin de cette institution clé de la région. "J'ai travaillé 17 ans dans l'entreprise des chantiers navals seynois et j'ai fait des rencontres fabuleuses," raconte-t-il, soulignant l'importance personnelle et collective de cette période de sa vie.

"Je ne voulais pas que tout ce qui avait été vécu ici disparaisse dans l'oubli"

Le licenciement collectif a marqué un tournant dans la vie de Francis et de ses collègues. Face à la disparition brutale de leur quotidien, la détresse et la misère qui ont suivi, Francis a choisi la plume comme exutoire. "Quand nous avons été licenciés, j'ai trop vu de misère autour de moi... il fallait que ça sorte," confie-t-il, mettant en lumière les motivations profondes qui l'ont poussé vers l'écriture.

"C'est une façon de les faire revivre"

Francis Lyon a ainsi produit plusieurs romans inspirés de son vécu et celui de ses anciens collègues, cherchant à immortaliser l'esprit, les luttes et le quotidien au sein des chantiers. "8e nef," le nom de son premier ouvrage, fait référence à son atelier, devenant le symbole de 17 années de vie et de combat. "C'est un témoignage de 17 ans de vie dans les chantiers... c'est une façon de les faire revivre," explique-t-il, soulignant l'importance de la mémoire collective.

"Écrivez, même si c'est pas bon, écrivez"

Pour Francis, l'acte d'écrire dépasse le cadre personnel; c'est un appel à témoigner, à partager, à ne pas laisser l'histoire personnelle et collective s'évaporer. "Écrivez, dites ce que vous avez sur le cœur," insiste-t-il auprès de ses amis et de toute personne ayant une histoire à raconter. Cet encouragement à la création littéraire s'inscrit dans une volonté plus large de conservation de la mémoire collective, un legs pour les générations futures.

En s'armant de mots contre l'oubli, Francis Lyon incarne une résilience particulière, celle d'un homme qui, face à la disparition physique de son univers de travail, choisit de le reconstruire à travers ses récits. Son histoire est un hommage vibrant aux hommes et aux femmes des chantiers navals de Seynois, à leurs luttes, leurs espoirs, et à la vie qu'ils y ont menée. Dans le sillage de Francis Lyon, La Seyne et ses chantiers navals continuent de vivre, ancrés dans la mémoire et l'imaginaire, rappelant que même les géants d'acier peuvent trouver une seconde vie dans les pages d'un livre.

OT, 21 mars 2024